Comment rémunérer un skipper / hôtesse professionnel : les notions à savoir
Avec la démocratisation de la plaisance ces dernières années, les postes de marins, en particuliers skippers et hôtesses sont de plus en plus recherchés. Or, les conditions d’exercice et de rémunération d’un marin sont encore trop méconnues des clients / armateurs.
La rémunération d’une prestation d’un marin professionnel n’est pas faite au hasard; elle répond à la nécessité pour le marin de subvenir à ses besoins et de dégager une rentabilité.
En effet la rémunération d’un marin recouvre les différentes charges afférentes à l’exercice de son métier, du coût des diplômes et renouvellement de formations, aux cotisations et charges sociales.
Plusieurs autres variables sont aussi à prendre en compte dans l’élaboration d’une rémunération notamment le type de prestation, la zone géographique dans laquelle à lieu la prestation, la position occupée par le marin…
Capt’n Boat décrypte pour vous le coût d’un marin.
1. Les bases de rémunération d’un marin
La rémunération correspond à la somme versée au marin en contrepartie d’un travail fourni. Elle est généralement fixée pour une durée du travail déterminée.
La rémunération d’un marin se fait la plupart du temps par salaire fixe. Exception faite des contrats de voyage, notamment pour les missions de convoyage, qui se basent sur une rémunération forfaitaire en fonction du nombre de milles nautiques parcourus.
Cette rémunération varie en fonction :
- du type de prestation du marin (convoyage, charter, coaching),
- de son rôle à bord (capitaine, matelot ou hôte.sse),
- de la durée de la mission,
- du type de bateau,
- de l’éloignement des côtes,
- du pays.
D’autres variables peuvent entrer en compte dans la rémunération demandée par le marin, notamment son expérience. Un marin reconnu dans le secteur avec 20 ans d’expérience sera logiquement plus cher qu’un marin débutant.
À noter : Les frais de déplacements et d’avitaillement peuvent être inclus dans la rémunération du marin, ou prévu en amont. C’est donc au marin de s’organiser et de négocier ces modalités avec le client.
Pour identifier le salaire des marins, ces derniers sont classés selon différentes catégories sur lesquelles sera ensuite calculé le montant de la rémunération et des cotisations. Les vingt catégories de classement de fonction d’un marin.
A. Rémunération brute VS rémunération nette
La rémunération brute du marin correspond à son salaire avant déduction des charges et contributions ENIM. La rémunération nette est le salaire final après déduction des charges du marin.
En France, pour respecter les minimums légaux (SMIC) il n’est pas possible de facturer une prestation de Marin à moins de 170 € / jour en Catégorie 3, 180 € / jour en Catégorie 6, 190€ / jour en Catégorie 8 et 205 € / jour en Catégorie 12.
En pratique la rémunération totale (incluant toutes les charges) est bien plus supérieure; en France métropolitaine elle s’élève à environ 300 € / jour.
En fonction du type de mission, de la taille du bateau, du poste, et de la zone géographique, on constate des disparités tarifaires.
- Missions de charter ou de coaching :
À titre indicatif, voici une grille tarifaire moyenne des rémunérations TTC / jours facturés, pour les postes de skipper et d’hôte.sse, sur Capt’n Boat.
Pays | Poste | Bateau court < 15m | Moyen <18 m | Long > 18 m |
France | Skipper | 350 € | 370€ | 400 € |
France | Hôte.sse | 280 € | 300 € | 320 € |
Baléares | Skipper | 260 € | 280 € | 320 € |
Baléares | Hôte.sse | 230 € | 250 € | 280 € |
Europe | Skipper | 260 € | 280 € | 320 € |
Europe | Hôte.sse | 230 € | 250 € | 280 € |
Antilles | Skipper | 295 € | 310 € | 330 € |
Antilles | Hôte.sse | 230 € | 250 € | 280 € |
BVI – USVI Bahamas | Skipper | 350 € | 380 € | 450 € |
BVI – USVI Bahamas | Hôte.sse | 280 € | 330 € | 380 € |
- Missions de convoyage :
Pour les missions de convoyage, la rémunération est au nombre de milles nautiques. En France, on compte ~4 € du mille nautique pour un équipage en charge d’un convoyage sur un bateau équipé d’un pilote automatique. Si le bateau ne possède pas de pilote automatique, il faudra alors ajouter au minimum 1 marin ce qui aura pour conséquence d’augmenter le coût de la prestation.
À noter : Avec la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, les frais d’essence et les prix de transport maritime par cargos connaissent une forte augmentation.
Pour le convoyage d’un voilier de 12.50 mètres, soit 40 pieds, de Southampton à Malte :
- Prix par cargo : ~17 000€ contre (~10 000€ avant la crise)
- Prix d’un convoyage réalisé par un équipage Capt’n Boat (Capitaine + chef de quart) : ~8 700€
Ces rémunérations indiquées sont des fourchettes, pour avoir une idée plus précise du coût d’une prestation par un marin professionnel, nous vous invitons à faire une demande de devis gratuit ici.
B. Les rémunérations marins sur Capt’n Boat
Capt’n Boat se veut transparent sur la rémunération des marins de la plateforme. En fonction du type de prestation, du poste recherché, des dates et des destinations, une rémunération est proposée aux clients. Le détail de cette rémunération est visible sur chaque mission sur la plateforme.
À cela s’ajoute une commission de 18% de la rémunération (10% pour les missions de +3 mois) comprenant :
- l’assurance multirisques & dommages,
- la Responsabilité Civile professionnelle skipper
- les frais bancaires
- les frais de service Capt’n Boat
- Côté clients
Capt’n Boat propose une rémunération des marins selon les standards du marché et respectant les minimums légaux. Les rémunérations proposées par Capt’n Boat ne sont pas figées, libre aux clients de les ajuster à la hausse ou à la baisse, et libre aux marins de négocier celles-ci avec les armateurs.
Les salaires sont toutefois bloqués au minimum légal. De plus, si les clients choisissent de revoir trop à la baisse la rémunération des marins, ils risquent de ne pas avoir de candidats par manque d’intérêt.
- Côté marins
Sur Capt’n Boat les marins postulent aux missions qui les intéressent et pour lesquels ils ont les titres et formations adéquates. Si le marin juge la rémunération annoncée par le client trop basse, il peut négocier une nouvelle rémunération.
Les marins peuvent postuler à une mission via leur entreprise directement : ils se chargeront ensuite de payer leurs charges et contributions sociales.
Pour les marins qui n’ont pas le statut d’indépendant, ils peuvent choisir de postuler via Chess & M, notre partenaire, mandataire maritime qui se chargera alors du paiement des salaires, des déclarations d’activités ENIM, URSSAF et des contributions sociales du marin.
Cette solution d’enrôlement à bien sûr un coût pour le marin, qui va de 34 à 41% (en fonction de la catégorie d’enrôlement) du tarif facturé aux clients, pour payer l’ensemble des charges sociales patronales, salariales, URSAFF, ENIM, chômage
Détails de rémunération Marin sur Capt’n Boat
Ne sont pas inclus dans le montant total de la transaction :
- Les frais de déplacements (billets d’avion, trains, taxi…)
- Les frais de bord (avitaillement, essence…)
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2. Les conditions de travail d’un marin professionnel
Pour pouvoir embaucher dans les règles un marin, il faut suivre certaines exigences en matière de formation du marin, de responsabilité, de durée de travail et de cotisations sociales.
En effet les clients doivent s’assurer que le marin embauché justifie des bons diplômes et qualifications pour mener à bien la mission qui lui est donnée. De plus, l’employeur doit respecter les conditions de travail réglementaire imposées tant en termes de responsabilité que de durée de travail.
- Temps de travail :
Les limites d’heures de travail sont fixées à un maximum de 14 heures par jour et à 72 heures sur 7 jours. Bien sûr ces limites peuvent être adaptées par dérogations en fonction du type d’activité et de ces conditions d’exercice.
- Temps de repos :
Le marin embarqué bénéficie au minimum de 10h de repos sur une période de 24 heures. Ce repos quotidien peut-être scindé au maximum en 2 périodes (dont une de 6 heures au moins). Et 77h pour une période de 7 jours travaillés.
L’ensemble des contrats de travail générés via Capt’n Boat sont conçus pour 43h de travail hebdomadaire (35h + 8h d’heures supplémentaires) pour permettre de correspondre au mieux aux exigences du métier de marin.
Pour respecter les heures de repos obligatoires, il est important qu’un marin puisse bénéficier au minimum de 24h de repos hebdomadaire. Pour permettre cela, il est important de veiller aux dates et heure des missions : L’idéal est de débarquer le marin le vendredi soir (par ex: 17h) pour permettre un nouvel embarquement le samedi (à partir de 17h sur cet exemple).
A. L’obligation de formation
Pour qu’un marin puisse exercer légalement il doit remplir plusieurs conditions, notamment en termes de formation.
En effet, le marin professionnel doit obtenir un certain nombre de brevets et formations pour pouvoir exercer le métier de skipper, matelot, mécanicien, hôtesse etc…
À noter 1 : Le coût pour obtenir un Brevet de Capitaine 200 voile est ~4500€.
La plupart de ces diplômes et formations sont soumis à une revalidation tous les 5 ans. Cela oblige donc les marins à effectuer une demande de revalidation en justifiant d’un certain temps effectifs en mer et/ou en participant à une formation de recyclage.
La revalidation des titres et formations professionnelles maritimes a un coût non négligeable pour le marin.
À titre d’exemple voici les coûts moyens pour revalider les titres et formations professionnels maritimes proposés par le CEFCM (Centre Européen de Formation Continue Maritime) :
- Recyclage d’un Enseignement Médical de Niveau 1 (EM1) : ~130€
- Enseignement Médical de Niveau 3 (EM3) : ~940€
- Certificat Général d’Opérateur (CGO) : ~355€
- Certificat de Formation de BAse à la Sécurité (CFBS) : ~610€
À noter 2 : Les coûts de revalidations des titres et formations peuvent être pris en charge par le compte CPF du marin ou par Pôle Emploi.
B. Responsabilités du marin
Le métier de marin est un métier à forte responsabilité. Notamment en ce qui concerne la position de Skipper / Capitaine : “seul maître à bord”.
C’est d’ailleurs la notion de responsabilité qui explique en partie la différence de salaire entre un skipper et un matelot ou hôte.sse.
En effet, le skipper en tant que chef de bord est responsable de la sécurité du bateau et des passagers. Le risque le plus important pour un skipper serait d’endommager le bateau sur lequel il navigue ou de blesser une personne à bord. C’est pourquoi il est nécessaire pour le marin de souscrire à une assurance professionnelle et responsabilité civile (fournie de façon automatique aux skippers pour les prestations via Capt’n Boat).
Il est important de rémunérer le skipper à hauteur de la responsabilité qu’il revêt.
La responsabilité du marin ainsi que sa durée de travail doivent être stipulées dans le contrat de travail.
C. Obligations d’affiliation à l’ENIM et cotisations
Tous les marins professionnels se doivent d’être affiliés au régime de protection sociale des gens de mer : ENIM, et de payer les cotisations liées à son activité en application de l’article L 5551-1 du Code des transports.
Les marins indépendants doivent déclarer systématiquement leurs activités via la Déclaration Sociale Nominative (DSN), auprès de l’Urssaf Poitou Charentes et payer ensuite leurs cotisations.
Pour les marins salariés, c’est à l’employeur / armateur / Entreprise de Travail Maritime de déclarer l’activité de son marin.
Conclusion
Le métier de marin professionnel exige de nombreuses qualifications et entraîne une responsabilité plus ou moins importante en fonction du rôle occupé à bord. La rémunération d’un marin recouvre les frais de formations et de renouvellement, les charges et cotisations ENIM, URSSAF, les TVA appliquées dans les différents pays. Elle se justifie par le niveau de qualification, d’expérience et de responsabilité du marin.
Il est important de rémunérer justement et à hauteur de l’effort engagé les marins embauchés.
Bien sûr, en fonction de la rémunération annoncée, les marins sont libres d’accepter ou non de réaliser la prestation. Plus la rémunération sera élevée, plus il y aura de marins professionnels candidats.
En comparaison avec le métier d’avocat (1000€/jour), de graphiste (500€/jour) ou de développeur web (450€ / jour) qui ne nécessite pas de payer le recyclage de formation tous les 5 ans et qui permet une vie sociale et familiale “normale”, le métier de marin semble être bien moins reconnu compte tenu du rythme et des conditions d’exercices qu’il impose.
Cependant la pénurie actuelle de marins face à la démocratisation de la plaisance entraîne une plus grande tension entre l’offre et la demande. Pour permettre à chacun de trouver le marin qui les accompagnera sur leur besoin de convoyage ou de croisière, nous constatons une revalorisation du métier traduite par une augmentation des rémunérations.
Trouvez votre marin professionnel sur Capt’n Boat et bénéficiez d’une assurance multirisques & dommages !
Sources
- ENIM, le régime social des marins
- Arrêté du 24 mars 2022 portant majoration des salaires forfaitaires servant de base de calcul des contributions des armateurs, des cotisations et de certaines prestations des marins du commerce, de la plaisance, de la pêche et des cultures marines
- Marins.Urssaf.fr
- Convention du Travail Maritime MSC 2006
- Décret n°52-540 du 7 mai 1952 modifiant le décret n° 48-1709 du 5 novembre 1948 relatif au salaire forfaitaire servant de base au calcul des cotisations des marins et des contributions des armateurs au profit des caisses de l’établissement national des invalides de la marine.
- Décret n°2005-305 du 31 mars 2005 relatif à la durée du travail des gens de mer
- Code des transports : Chapitre IV : Durée du travail, repos, congés et salaire (Articles L5544-1 à L5544-63)